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Lecture de Paysage


Balade découverte des paysages au Col des Champs

1er août 2020

Plusieurs spécialistes ont permis de présenter les paysages au Col des Champs à toutes les échelles de l’espace et du temps : depuis le grand paysage géologique mis en place sur des centaines de millions d’années, aux formes géomorphologiques héritées des glaciations il y a 20.000 ans, jusqu’aux divers états de la forêt et des prairies.

L’enjeu était, outre de raconter l’histoire du paysage, de mettre en lumière les interdépendances entre les différents éléments du milieu, nature des substrats, types d’érosion, présence de l’eau, qualité des prairies, écosystèmes et flore, pâturage et anthropisation.

Le Col des Champs est situé sur la ligne de partage des eaux entre la vallée du Verdon et celle du Var. La première, largement évasée, contraste avec la seconde profondément incisée. Cette opposition topographique, conditionne l’importance des glaciers, plus développés du côté du Verdon.

Le substrat géologique est constitué de roches déposées en milieu marin dans l’océan qui a occupé la place des Alpes depuis la fin de l’ère primaire jusqu’à l’émersion des montagnes au cours du Miocène (fin de l’ère tertiaire). L’histoire sédimentaire se déroule ainsi sur plus de cent millions d’années. Des mouvements tectoniques provoquent des émersions temporaires et des déplacements dans l’espace, en particulier l’arrivée finale de nappes de charriages. Au total l’épaisseur des dépôts atteint selon les secteurs 3000 à 8000 m. Au col des Champs, d’épaisses marnes noires ont été déposées dans une mer profonde. Elles sont recouvertes par les calcaires de l’Encombrette et du massif de la Frema, déplacés jusque là par des mouvements tectoniques qui ont entrainé de nombreuses failles et fractures. Ils ont comprimé et écrasé les marnes noires : transformées en schistes, celles-ci se débitent en fines plaquettes facilement érodées les ravins.

A l’échelle de temps plus brève du Quaternaire (environ 2 millions d’années), des variations climatiques faisant alterner climats tempérés et climats froids ont permis le développement cyclique de grands glaciers. Lors de la dernière période froide, il y a 20.000 ans, le glacier du Verdon remplissait sa vallée jusqu’au delà de Ratery et atteignait Château-Garnier à l’aval. Le dépôt de moraines dans la vallée est un bon indicateur de son développement. Au col des Champs, des dépôts caillouteux grossiers organisés en langues (sous la Voya) ou formant des bourrelets arqués (sous le versant de la Frema) sont interprétés comme des formes glaciaires. Sont-ils l’indice d’une diffluence du glacier du Verdon vers la vallée du Var ? Ou sont-ils des glaciers rocheux formés localement ? Cette seconde hypothèse est discutée, mais semble la plus plausible.

Enfin, le parcours a permis d’observer l’érosion des torrents dans les marnes noires. La remontée végétale actuelle, associée au réchauffement climatique, en réduit nettement l’efficacité.

Photo : Michel Jourdan

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